Attentats de Paris : un traumatisme pour les salariés, une épreuve pour l’entreprise
Les attentats du 13 novembre ont eu une répercussion considérable dans le pays et au-delà. Inévitablement, les salariés et les entreprises ont été impactés. Comment gérer cette situation ? Comment soutenir les salariés ?
Qu’est-ce qu’un événement traumatique ?
L’événement traumatique nous confronte soudainement à la violence, la menace pour notre intégrité physique ou celle de nos proches, l’idée de la mort ou le sentiment d’impuissance face au danger.
Dans ce contexte inhabituel, il est normal et très fréquent de ressentir des émotions intenses : peur, désarroi, effroi, tristesse, colère. La plupart du temps et pour la majorité d’entre nous, ces manifestations finissent par diminuer et disparaitre dans le temps. Mais, parfois, elles peuvent persister, s’intensifier ou apparaître plus à distance de l’événement, voire évoluer vers « l’Etat de Stress Post-Traumatique » : perte d’intérêt, évitement lié à la peur du souvenir, hyper sensibilité, souvenirs intrusifs, irritabilité, angoisse, isolement, fatigue, difficulté à trouver le sommeil, cauchemars, difficulté à se concentrer, hyper vigilance …
Quelles conséquences pour l’entreprise ?
Un attentat a des conséquences sur l’état psychologique des collaborateurs, leur capacité à bien travailler, l’ambiance de travail, la motivation et le bon fonctionnement des équipes. Non traités, ces dysfonctionnements pourraient s’aggraver sur la durée, nuire à la santé des salariés et au développement de l’entreprise. C’est bien le rôle d’un management exemplaire, responsable et efficace de faire preuve de sa considération et de s’organiser pour vivre au mieux cette période.
La manière dont l’entreprise gère la situation de crise aura des répercussions durables sur la relation que le salarié aura avec elle. Mal ou non gérée, cette séquence laissera le souvenir d’un management déficient. Bien gérée, elle renforcera la confiance et l’attachement des salariés.
Comment gérer cette situation ?
Voici 5 conseils pour vous aider à faire face à un tel événement :
- Accepter les difficultés liées au choc : même si cet état doit être passager, c’est normal de ne pas être bien après un tel choc
- Libérer la parole et renforcer l’écoute : le management doit faire preuve d’empathie et permettre aux salariés d’exprimer leurs émotions et leurs craintes normales et légitimes. Dès les premiers jours, prenez l’initiative de dégager des temps et des espaces pour permettre de parler de ce qui a été vécu et ressenti. L’écoute de la part des managers et des collègues est primordiale, d’autant que ces événements graves peuvent s’ajouter à un contexte de tension dans l’entreprise ou de difficulté dans la vie personnelle. Vous pouvez aussi mettre en place un dispositif de soutien psychologique pour que les salariés puissent exprimer leur détresse. Dans ces moments troublés, ne sous-estimons pas le réconfort que l’entreprise peut apporter. Les équipes, elles, s’en souviendront.
- Ajuster provisoirement l’organisation et faire preuve de souplesse dans les plannings. A situation exceptionnelle, décisions exceptionnelles ! Transférer la charge de travail à un collègue, accepter une absence ponctuelle du bureau, ajuster des agendas, reporter l’échéance d’un projet, annuler un voyage : ces petits gestes permettent de montrer aux salariés que le management sait s’adapter à la situation et prendre en compte leur contraintes.
- Vivre ensemble des moments collectifs et maintenir des activités sources de plaisir. Le fait d’être ensemble est indispensable dans ces moments de crise. Il contribue à resserer les liens du collectif, participe au « travail d’acceptation » voire au processus de deuil. Quelques idées : se réunir pour faire une minute de silence, partager un message de solidarité ou de soutien, changer une routine en organisant un petit déjeuner improvisé, prendre l’initiative d’un moment de détente commun, résister à la tentation d’annuler des moments conviviaux prévus. La convivialité n’est jamais déplacée, encore moins dans ces moments.
- Au-delà de ces bonnes pratiques, il est efficace de mobiliser les services de professionnels spécialisés dès la survenue de l’évènement grave.
- Activation du réseau des acteurs experts de l’entreprise : DRH, médecins du travail, élus du CHSCT, préventeurs
- Déploiement d’une cellule psychologique et d’interventions sur site pour des débriefings individuels ou collectifs
- Mise en place de dispositifs de soutien psychologique par téléphone auxquels les salariés ou leur famille peuvent avoir accès 24 heures sur 24.
- Prendre conseil pour aider les directions à gérer ces périodes cruciales et adopter les bonnes postures managériales.
Dans notre environnement malheureusement instable, l’accompagnement des événements graves fait partie intégrante de la politique de santé au travail et de prévention des risques.
Malgré et au-delà des attentats, la vie doit reprendre son cours, la vie dans l’entreprise aussi.
David Mahé, Président de Stimulus