[Synthèse d’étude] Peut-on apprendre à être « optimiste » pour améliorer sa santé ?

En 1990, le psychologue Martin Seligman publiait son premier bestseller, Learned Optimism (l’optimisme appris) dans lequel il décrit ce concept qui sera par la suite considéré comme l’un des fondements de la psychologie positive. Selon lui, le pessimisme et l’optimisme sont deux manières opposées de voir le monde qui conditionnent chez l’individu la capacité de résilience face à l’adversité. Dans le traitement de la dépression, des entraînements à l’optimisme avaient été utilisés avec succès. Dans cette étude, il a souhaité investiguer l’efficacité de ces techniques à titre préventif plutôt que curatif.

Quel design expérimental ?

Pour tester cela il a mené, de 1991 à 1999, une étude comparative et longitudinale. Deux groupes d’étudiants présentant des risques de dépression ont été constitués au hasard, l’un (groupe « contrôle ») ne subissant aucune intervention, l’autre (groupe « séminaire ») bénéficiant d’un programme d’entraînement à l’optimisme. L’état de santé psychique en termes de dépression et d’anxiété des participants des deux groupes a été mesuré avant et après l’intervention, avec un suivi sur une période de 3 ans.

Qu'ont-ils découvert ?

Au cours des 3 ans qui ont suivi, les participants du groupe « séminaire » ont expérimenté significativement moins d’épisodes de troubles anxieux et moins d’épisodes dépressifs que le groupe contrôle. Par ailleurs une extension du programme a montré qu’ils étaient aussi en meilleure santé physique, ayant développé plus de comportements de prévention de la santé (amélioration du régime alimentaire, sport, plus de visites de contrôle chez le médecin).

Limites et perspectives

Soit. 25 ans plus tard, ces résultats peuvent manquer d’effet wow ! Mais à l’époque, alors qu’une écrasante majorité de recherches expérimentales se concentraient sur « comment aller moins mal », le fait de chercher à comprendre « comment aller mieux quand on va bien » était révolutionnaire.

Seligman et al. (1999) The Prevention of Depression and Anxiety,  

Prevention & Treatment, Vol. 2, (8)

Et concrètement, que peut-on tirer de cette étude ?

Nos interventions en prévention de la santé mentale au travail tendent à se concentrer sur l’identification et la prévention des facteurs qui génèrent du mal-être. Parler de « bien-être » est souvent devenu synonyme de salle de sieste et de baby-foot. La psychologie positive est une science expérimentale qui vise à établir de manière scientifique les déterminants du bien-être et du bien-travailler ensemble. Cette science nous permet donc de concevoir nos interventions non pas uniquement pour réduire les sources de mal-être, mais aussi à développer tout ce qui contribue au développement du bien-être dans le travail et à l’épanouissement, professionnel comme personnel, en s’appuyant sur des recherches scientifiques (approche evidence-based) :

  • Mettre la mindfulness au service de la régulation de l’activité
  • Travailler le sens au niveau de l’équipe dans un contexte de transformation
  • Alimenter l’entraide pour améliorer la performance et l’agilité de l’équipe