L’effet capsule
Le 11 Mai. Avant qu’elle n’arrive, cette date a résonné comme une ritournelle dans nos têtes. Une forme d’écho à la date du 16 Mars qui provoque déjà ses effets : un mélange d’appréhension et d’envie face à ce que pourrait être la suite. Pour parler de la suite, revenons en arrière.
Des espaces de temps, de lieu et d’action vécus différemment
Le 16 Mars est venu acter tout un tas de ruptures pour chacun d’entre nous. Rupture dans nos façons de nous déplacer, de converser, de travailler, bref une rupture globale du quotidien instauré. Cette rupture généralisée, nous l’avons tous éprouvée. Nous nous y sommes accommodés avec plus ou moins de facilité selon nos situations personnelles et professionnelles. Ai-je été malade ? Ai-je travaillé ? Ai-je télétravaillé ? Où étais-je confiné ? Avec qui ? Pour résumer, quel espace de temps, de lieu et d’action avais-je à disposition, et comment ai-je vécu cela.
Les adaptations sont coûteuses comme nous l’indique clairement le contenu de nos consultations actuelles. Une symptomatologie qui s’exprime par le triptyque physique, psychologique, et comportemental : modification du rythme alimentaire, changement des cycles du sommeil, douleurs, changements d’humeurs avec une forte labilité émotionnelle, augmentations des addictions, etc. Ne noircissons pas le tableau : pour d’autres, ces adaptations ont généré ou renforcé la poursuite d’objectifs sur soi et son bien-être, sur le sens mis derrière tout cela.
Eviter l’effet capsule
Les ruptures peuvent être structurantes pour notre psychisme, d’autant qu’elles ne sont pas subies, vécues sans prise, sans maîtrise. Le 11 Mai ne doit pas être le nouveau 16 Mars. Il ne doit pas venir acter une vague de nouveaux changements qui s’abattrait sur nous, afin d’éviter ce que j’appelle l’effet capsule. Évitons que la période du confinement soit une capsule dans notre parcours de vie, qu’elle soit teintée de façon plaisante ou déplaisante. Il nous faut essayer d’inscrire cette période dans un continuum afin qu’elle trouve une place et un sens à long terme. Dans le cas contraire, cette expérience n’aura au mieux aucun bénéfice sur nous même, au pire des séquelles traumatiques.
Parlons, trions, analysons
Pour éviter cela, prenons le temps d’analyser au cours des jours qui viennent ce que nous avons vécu, ce qui a fonctionné et ce qui a dysfonctionné. Ce qui nous semble important de garder et ce qui nous parait obsolète. Quelles leçons tirer de tout cela sur le plan personnel que professionnel ?
Les individus, les collectifs, les entreprises doivent être accompagnées dès à présent, pour faire ce travail. Au-delà de l’effet décapsulant de cette période de confinement, il est la condition sine qua non à la réussite d’un déconfinement. L’histoire du déconfinement doit s’inscrire dans la continuité de l’histoire du confinement. Histoire individuelle, histoire collective, histoire d’entreprise. Nous saurons comment nous déconfiner uniquement si nous avons étudié comment nous nous sommes confinés.
Le 11 Mai. Méfions-nous de cette date magique. Il serait dommage que l’après marque un nouveau cycle aussi anxiogène que le premier, et qui, pour certains d’entre nous, pourrait être synonyme d’une nouvelle période potentiellement difficile voire traumatique : le traumatisme de la reprise.