Pourquoi en faire le minimum est néfaste pour notre santé mentale
Si remettre en question notre rapport au travail pour éviter de se tuer à la tâche et obtenir un meilleur équilibre de vie peut être salvateur, pointer 8 heures par jour à un job en y étant désengagé n’est pas sans conséquences sur notre santé mentale.
Travailler sans motivation (autre que gagner sa vie), peut même avoir des effets délétères sur notre bien-être psychique. Pauline d’Heucqueville, psychologue du travail, psychothérapeute et consultante Stimulus, fait le point sur ce sujet pour Welcome To The Jungle.
Quiet quitting aux Etats-Unis, « démission silencieuse » en France… Les actifs resteraient en poste mais feraient le minimum. Peut-on parler d’une tendance au désengagement dans le monde pro ?
Les travaux de recherches qui s’intéressent à notre rapport au travail ont prouvé qu’au-delà du respect de la fiche de poste, énormément de personnes trouvaient de la motivation dans les comportements pro-sociaux au travail, c’est-à-dire : ne pas travailler uniquement pour gagner un salaire mais aussi pour les relations sociales, l’autonomie, la stimulation intellectuelle que cela nous apporte. Et là avec le quiet quitting, on observe un retour au basique : on s’en tient aux tâches consignées sur la fiche de poste, on ne veut plus faire d’heures supplémentaires, on fait le minimum. Tout cela dans l’optique de privilégier et d’investir davantage d’autres pans de la vie personnelle (la famille, les loisirs etc.).
Cela peut être aussi une forme de résistance face à de mauvaises conditions de travail ?
Un manque de reconnaissance, une charge de travail démesurée, l’absence de perspective d’évolution… Bien sûr, de mauvaises conditions de travail peuvent mener à se désengager ou se détacher de son travail. Mais c’est globalement le rapport au travail dans notre société qui évolue énormément.
La dimension sociétale et sociale de l’entreprise vont désormais fortement orienter les choix des salariés. Et la période des confinements a remis la sphère personnelle à une autre place dans le quotidien. Par exemple, aujourd’hui la tendance chez les cadres est de désirer instaurer la semaine de quatre jours plutôt que de s’inscrire dans une course au meilleur salaire. Tous ces phénomènes qui appartiennent à notre époque vont jouer sur l’engagement au travail.
Comment expliquer ce changement dans notre rapport au travail ?
La crise du Covid, la crise climatique, économique… Le contexte joue énormément.
La jeune génération, celle qui arrive sur le marché du travail incarne ce changement de rapport au travail. Ceux que je rencontre me disent clairement : « On nous rabâche à longueur de journée que l’avenir climatique est catastrophique, que nous n’aurons pas de retraite… pourquoi je devrais me tuer au travail ? »
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