Sens au travail : comment le favoriser auprès des collaborateurs et collaboratrices ?
Pourquoi parle-t-on de sens au travail ?
De manière générale, pourquoi trouvons-nous du sens dans une action quotidienne ? Si nous interrogeons une personne sur le sens qu’elle attribue à l’action de s’alimenter, la réponse sera rapidement trouvée : l’alimentation étant essentielle à notre corps et à son fonctionnement, nous en avons besoin pour vivre tout simplement ! L’individu en question met un sens à cette action parce qu’il en comprend de manière précise les objectifs ainsi que son importance sur un court, moyen et long terme.
Appliquons cela au contexte professionnel : afin de permettre aux collaborateurs et collaboratrices de trouver un sens au travail, il est nécessaire que ces derniers puissent avoir une vision précise du rôle des actions qu’ils mènent au quotidien. Lorsqu’un·e manager demande à un·e collaborateur·trice de rendre un reporting en urgence qui doit être présenté en réunion sans avoir connaissance des tenants et des aboutissants sur un court et long terme, quel sens peut-il trouver dans cette action ?
Le collaborateur ou la collaboratrice a besoin de placer ses missions quotidiennes dans une logique claire et transparente et ainsi être capable de répondre à la question : « quel rôle ai-je, à titre personnel, dans la dynamique de l’entreprise ? ».
Quel est mon rôle en tant N+1, RH, supérieur hiérarchique pour accompagner un collaborateur ou une collaboratrice en crise de sens ?
La communication (notamment le feedback) est un outil fondamental pour nourrir le sens que l'on attribue à son poste. Reprenons l’exemple de l’action de s’alimenter. En tant qu’individu, nous avons conscience que manger uniquement du chocolat a un impact significatif sur notre santé (nous vous laissons juger de l’aspect positif ou négatif du chocolat sur notre santé) car notre corps nous envoie des feedbacks précis à la suite de cette action. Nous sommes globalement parfaitement conscients de notre impact dans l’évolution positive ou négative de notre santé. De la même manière, un·e collaborateur·trice sachant que ses actions (comme ses inactions) ont un réel impact dans la dynamique et l’évolution de l’entreprise va s’inscrire davantage dans son développement puisqu’il ou elle apportera une pierre à l’édifice.
Ce qui nous amène au deuxième outil fondamental : La reconnaissance. La reconnaissance est un formidable moyen d’accroitre les performances et la motivation mais agit également dans le développement personnel du collaborateur ou de la collaboratrice (estime de soi, sentiment de compétence, satisfaction, bien-être). Dans cette dynamique le ou la manager de proximité a un rôle pivot pour redonner du sens via la reconnaissance.
Rappelons que l’individu est un être en perpétuel mouvement, il évolue au gré des divers évènements de vie, positifs ou négatifs, et cela est susceptible de se répercuter dans son environnement de travail. Ses attentes, ses besoins, ses priorités évoluent ainsi que le sens qu’il attribue à son travail. Dans ce contexte la gestion et le développement des compétences via la formation continue ou le changement de poste sont des leviers à ne pas négliger.
Nous voyons que le sens au travail est avant tout une affaire individuelle. Les théories générales permettent d’orienter les démarches mais la coopération et la co-construction sont des enjeux essentiels. C’est pourquoi certaines entreprises ont mis en place des systèmes permettant aux différentes strates hiérarchiques de se retrouver à proximité et de développer de nouvelles relations. Les « shadow comex » en sont des exemples concrets : ils regroupent des collaborateurs·trices jeunes (moins de 35 ans) représentatifs des différents postes au sein de l’entreprise dont le rôle est avant tout consultatif en proposant des projets innovants. Dans cette dynamique les collaborateurs·trices deviennent des acteurs au sens propre. Ils ont un réel pouvoir d’action sur le développement et l’avenir de leur entreprise. Quoi de mieux pour booster le sens que l’on accorde à notre travail !
Camille BOULIC
Psychologue clinicienne